Désobéissance civile et autres actions
Action Péage VINCI à Prix Libre
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Conférences gesticulée
Une analyse pointue, critique, humoristique et incontournable de plein de sujets... par Franck Lepage et d'autres!
Chronique d'un nouveau désordre mondial
Boursicotage et crise économique...
Docu sur la permaculture
Il est grand temps de changer notre vision de l'agriculture et du jardin
ça se passe en Autriche, au Krameterhof cliquer ici L'argent Dette
Un incontournable qui fait la lumière sur le système monétaire par Paul Grignon
2013, année de l'(en)culture
Marseille capitale de la rupture, un docu extra sur les projets d'industrie culturelle et autres mégalomanies économiques...
Docu sur une expérience primitive |
Un monde sans humains
Nanotech, biotech, génétique, banque d'information et ordinateurs...
Mondialisation, quand le FMI fabrique la misère.
Un docu agréable et terrifiant...
Le leure de la crise
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A quoi sert l’argent ?
Au pouvoir, pour ceux qui en amassent démesurément. A se loger, se nourrir, se véhiculer, s’assurer, se
chauffer, se laver, se divertir, s’éclairer, se former, pour ceux qui le gagnent difficilement. Le droit de
vivre devient partout payant, il faut gagner sa vie, gagner le droit de vivre, et trop souvent on perd sa vie
en passant son temps à la gagner…
Pour nous, il sert à acquérir tout ce qui ne peut être récupéré ou construit, produit et créé de nos propres
mains. Autant de choses qui s’inscrivent dans notre principal mode de fonctionnement : l’autogestion. Ce
qui veut dire partage des ressources, partage des décisions, partage des responsabilités, partage du
réfléchir et de l’agir.
Aujourd’hui se pose un choix simple à chacune et chacun qui vivons au quotidien la société de
surproduction et de surconsommation : soit mettre son potentiel au service du capitalisme pour obtenir
l’argent nécessaire à régler ses besoins quotidiens ? Soit faire la liste de ces besoins et réfléchir aux
moyens d’y répondre par nous-mêmes.
La seconde possibilité suppose un rapport au monde, une organisation et un mode de vie différents.
Substituer l’importance d’ « être » à celle de l’ « avoir », s’émanciper des lois injustes, se réapproprier les
savoirs faire et les sens, le goût des choses simples.
S’il fallait parler de notre quotidien, nous dirions que nous cultivons l’art de vivre et le bon sens. Nous
expérimentons les possibles et tentons de nous organiser selon nos idées, nos règles, nos intentions.
Nous apprenons ensemble à vivre autrement.
S’il est une chose dont nous ne manquons pas et que nous estimons être la véritable richesse, c’est bien
du « temps » !
Il reprend alors toute sa saveur, s’inscrit dans la logique des choses à entreprendre pour nourrir la réalité
concrète de ce qui pousse et ce qui vit.
Parler de nous, c’est aussi dresser la liste de nos parcours individuels, de nos aptitudes et de nos savoirs
faire : professionnels du spectacle, plombiers, chefs d’entreprises, intérimaires, maçons, paysans,
électriciens, commerciaux, humanitaires, travailleurs sociaux, associatifs, fonctionnaires, etc.
Nous ne manquons ni de potentiels, ni de connaissances sur le monde qui nous entoure, et nous
choisissons de mettre à profit ces compétences au service d’un mode de vie garantissant le respect et la
responsabilité de tout acte, qu’il soit individuel ou collectif. Il est inutile d’attendre d’être parfait pour
commencer quelque chose de bien, et ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas tout faire en un jour
que ça justifierai de ne rien faire du tout !
Se réapproprier la vie, c’est également se réapproprier les dimensions esthétiques et artistiques de nos
existences, si indispensables à l’épanouissement et à la communication de chacun. Ainsi, musique,
écriture, peinture, théâtre, danse, artisanat en tout genres sont des supports privilégiés de partage et
d’ouverture sur le monde.
Si nous apparaissons bien souvent comme un mouvement de critique sociétal stérile, c’est que nous
n’avons pas la prétention de changer le monde, mais plutôt de proposer et surtout d’expérimenter une
alternative viable à la société uniformisée et destructrice que l’on nous propose, impose comme unique
possibilité. Comme si consommer toujours plus, détruire toujours plus et bétonner toujours plus était
inéluctable et sans aucune alternative.
Proposer et expérimenter donc, et notamment le « prix libre », dont le principe est simple : la personne
qui n’a rien ne donne rien et celle qui souhaite donner le fait à hauteur de ce qu’elle pense juste. Ce qui
permet à chacun d’avoir accès aux mêmes ressources quels que soient ses moyens et de supprimer
toutes discriminations liées à avoir de l’argent ou non. Nous savons aussi qu’il existe de plus en plus de
monnaie locale car nous sommes nombreux à vouloir reprendre la maitrise de la monnaie, de nos usages.
Le prix libre étant valable pour des cours de musique, de chant, de théâtre, de danse, d’artisanat, pour
des apprentissages divers, des vêtements, des repas, des objets, etc.
Nous n’avons pas l’intention de changer le monde, ni de persuader que notre action est et sera meilleure
qu’une autre.
Nous avons simplement l’espoir qu’on nous laisse faire sur ce chemin de cœur, d’amour et de partage qui nous semble représenter le plus l’humain.
Au pouvoir, pour ceux qui en amassent démesurément. A se loger, se nourrir, se véhiculer, s’assurer, se
chauffer, se laver, se divertir, s’éclairer, se former, pour ceux qui le gagnent difficilement. Le droit de
vivre devient partout payant, il faut gagner sa vie, gagner le droit de vivre, et trop souvent on perd sa vie
en passant son temps à la gagner…
Pour nous, il sert à acquérir tout ce qui ne peut être récupéré ou construit, produit et créé de nos propres
mains. Autant de choses qui s’inscrivent dans notre principal mode de fonctionnement : l’autogestion. Ce
qui veut dire partage des ressources, partage des décisions, partage des responsabilités, partage du
réfléchir et de l’agir.
Aujourd’hui se pose un choix simple à chacune et chacun qui vivons au quotidien la société de
surproduction et de surconsommation : soit mettre son potentiel au service du capitalisme pour obtenir
l’argent nécessaire à régler ses besoins quotidiens ? Soit faire la liste de ces besoins et réfléchir aux
moyens d’y répondre par nous-mêmes.
La seconde possibilité suppose un rapport au monde, une organisation et un mode de vie différents.
Substituer l’importance d’ « être » à celle de l’ « avoir », s’émanciper des lois injustes, se réapproprier les
savoirs faire et les sens, le goût des choses simples.
S’il fallait parler de notre quotidien, nous dirions que nous cultivons l’art de vivre et le bon sens. Nous
expérimentons les possibles et tentons de nous organiser selon nos idées, nos règles, nos intentions.
Nous apprenons ensemble à vivre autrement.
S’il est une chose dont nous ne manquons pas et que nous estimons être la véritable richesse, c’est bien
du « temps » !
Il reprend alors toute sa saveur, s’inscrit dans la logique des choses à entreprendre pour nourrir la réalité
concrète de ce qui pousse et ce qui vit.
Parler de nous, c’est aussi dresser la liste de nos parcours individuels, de nos aptitudes et de nos savoirs
faire : professionnels du spectacle, plombiers, chefs d’entreprises, intérimaires, maçons, paysans,
électriciens, commerciaux, humanitaires, travailleurs sociaux, associatifs, fonctionnaires, etc.
Nous ne manquons ni de potentiels, ni de connaissances sur le monde qui nous entoure, et nous
choisissons de mettre à profit ces compétences au service d’un mode de vie garantissant le respect et la
responsabilité de tout acte, qu’il soit individuel ou collectif. Il est inutile d’attendre d’être parfait pour
commencer quelque chose de bien, et ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas tout faire en un jour
que ça justifierai de ne rien faire du tout !
Se réapproprier la vie, c’est également se réapproprier les dimensions esthétiques et artistiques de nos
existences, si indispensables à l’épanouissement et à la communication de chacun. Ainsi, musique,
écriture, peinture, théâtre, danse, artisanat en tout genres sont des supports privilégiés de partage et
d’ouverture sur le monde.
Si nous apparaissons bien souvent comme un mouvement de critique sociétal stérile, c’est que nous
n’avons pas la prétention de changer le monde, mais plutôt de proposer et surtout d’expérimenter une
alternative viable à la société uniformisée et destructrice que l’on nous propose, impose comme unique
possibilité. Comme si consommer toujours plus, détruire toujours plus et bétonner toujours plus était
inéluctable et sans aucune alternative.
Proposer et expérimenter donc, et notamment le « prix libre », dont le principe est simple : la personne
qui n’a rien ne donne rien et celle qui souhaite donner le fait à hauteur de ce qu’elle pense juste. Ce qui
permet à chacun d’avoir accès aux mêmes ressources quels que soient ses moyens et de supprimer
toutes discriminations liées à avoir de l’argent ou non. Nous savons aussi qu’il existe de plus en plus de
monnaie locale car nous sommes nombreux à vouloir reprendre la maitrise de la monnaie, de nos usages.
Le prix libre étant valable pour des cours de musique, de chant, de théâtre, de danse, d’artisanat, pour
des apprentissages divers, des vêtements, des repas, des objets, etc.
Nous n’avons pas l’intention de changer le monde, ni de persuader que notre action est et sera meilleure
qu’une autre.
Nous avons simplement l’espoir qu’on nous laisse faire sur ce chemin de cœur, d’amour et de partage qui nous semble représenter le plus l’humain.
L'agriculture périurbaine du Grand Lyon face à l'Olympique Lyonnais.
Peut-on gagner un match quand tous les joueurs ne visent pas les mêmes buts ?
Face à l’urbanisation galopante de la métropole lyonnaise, la communauté urbaine de Lyon porte depuis plusieurs années un regard intéressé vers les terres de l’Est lyonnais pour y réaliser divers projets urbanistiques.
Sur la commune de Décines-Charpieu, à 15 kilomètres du centre-ville de Lyon, la construction par la société Vinci d’un complexe sportif et financier conduit par Jean-Michel Aulas, dirigeant de l’OL Groupe (société d’actionnariat du club de football de l’Olympique Lyonnais), en est un des fers de lance.
En effet, les aménagements du stade, des commerces associés, des parkings et des voies d’accès prévoient l’artificialisation de près de 50 ha de terres. Pourtant, les réserves foncières stockées pour le projet atteignent près de 150 ha, et ce sur une zone protégée.
Le futur stade semble donc bien être l’arbre sportif (et donc plus facilement acceptable !) qui cache une forêt future de zones pavillonnaires et commerciales !
Depuis octobre 2012, une armée d’engins de chantier s’attaque à réaliser les voies d’accès de l’OL Land.
Ce projet a même bénéficié d’une déclaration d’intérêt général rendue publique en avril 2011 par Chantal Jouanno, alors Ministre des Sports, pour "améliorer" l’équipement sportif national en vue de l’Euro 2016.
Et ceci, vivement encouragé et soutenu par Gérard Collomb, sénateur-maire socialiste de Lyon et président du Grand Lyon.
Comble de l’audace, ce stade popularisé sous le nom "d’OL Land" a été baptisé par les aménageurs "Stade des Lumières". Pourtant les collusions dénoncées entre le monde politique du Grand Lyon et les intérêts financiers privés de l’OL Groupe pourraient plutôt être comparées à un obscurantisme digne de celui dénoncé au siècle des Lumières !
A l’heure actuelle, la mobilisation la plus forte contre l’implantation du stade est portée par des associations de diverses tendances qui se regroupent en un collectif appelé "Les Gones pour Gerland"i. Une trentaine d’associations de l’Est lyonnais livrent des batailles chacune avec un angle d’attaque propre à son objet : dénonciation du financement public de projets d’intérêts privés, défense du cadre de vie des habitants, protection de l’environnement, etc.
L’objectif commun immédiat étant de faire retarder le chantier pour que le stade ne puisse être livré à temps pour l’Euro 2016. Et ceci, principalement aux moyens de près de 30 recours juridiques dont ceux portés par l’avocat et conseiller régional Etienne Tête en charge de la défense des agriculteurs expropriés.
Un projet d’intérêt général ?
30 fermes amputées de parcelles agricoles et 2 fermes sacrifiées
Dans ce contexte, la situation n’est pas sans rappeler l’expression "Panem et circenses" (Du pain et des jeux du cirque) inventée par Juvénal, poète de la Rome antique, pour moquer l’usage fait par les empereurs romains de distribuer du pain et d’organiser des jeux du cirque pour calmer
les ardeurs populaires. Or, aujourd’hui, on peut légitimement se demander quelle est la place que "le Grand Lion" accorde à l’agriculture et donc
à la production alimentaire sur ses territoires en convertissant ses dernières terres agricoles à des fins de loisirs dits populaires ?
Des terres agricoles productives et productives convoitées à la frontière de l’agglomération lyonnaise.
Pourtant, dans les mobilisations les plus médiatisées portées par "Les Gones pour Gerland", la défense d’un projet de société alternatif et notamment d’une agriculture périurbaine nourricière n’y est que très peu présente.
De même, les terres concernées sont essentiellement d’origine agricoles et les expropriations menacent ainsi plus de 30 familles d’agriculteurs.
Les batailles juridiques engagées visent essentiellement une revalorisation des indemnités d’expropriation et une compensation de la perte de revenu des agriculteurs. La dénonciation de la diminution des surfaces agricoles du territoire et la défense d’agricultures paysannes sont quasi absentes
des discours et des documents édités par ces associations pour mobiliser les citoyens et communiquer auprès des différents médias.
Vinci contre les agricultures paysannes : la même constante de plusieurs Grands Projets Inutiles !
Derrière cette tendance fréquente à de nombreuses oppositions à des projets urbanistiques locaux ciblés sur la défense d’intérêts essentiellement individuels et/ou relativement court-termistes, d’autres mobilisations semblent voir le jour.
En effet, depuis avril 2012, plusieurs militants issus de diverses tendances et milieux activistes (écologie radicale, opposition aux lois liberticides dites "sécuritaires", etc.) occupent les prairies d’une butte localisée sur ces terres menacéesii.
Le campement appelé "Décines Ta Résistance !" regroupe plusieurs individus qui construisent au quotidien une résistance créative en expérimentant de nouveaux modes de vie et de gestion des collectifs.
Les techniques de permaculture (buttes auto-fertiles, associations de cultures, etc.), la récupération et le glanage, l’expérience de l’autogestion, l’autoconstruction d’habitats légers et mobiles sont parmi d’autres des actions qui relèvent d’une même volonté des habitants de la Butte : celle de partager des valeurs et non pas des points de vue !
Décines Ta Résistance ! : village de résistances créatives face au risque d’artificialisation des terres agricoles.
La posture "radicale" adoptée semble difficilement généralisable et diffusable dans les sociétés actuelles bien qu’elles paraissent riches d’enseignements. Pour exemple, le volonté de diminuer la dépendance au pétrole et à l’électricité induit la nécessité de développer des techniques d’isolation et de chauffage des habitats ainsi que de conservation des aliments qui appellent à la créativité (foyers améliorés, cave enterrée, etc.) et qui nécessiterait une réelle transition progressive pour être adaptées aux contextes de vie de la majorité de la population.
Et pourtant, les habitants de la Butte refusent toute organisation formalisée de type associatif visant à diffuser leurs idées. Ils prônent plutôt une implication personnelle des citoyens dans la réflexion au changement plutôt que d’adopter une posture descendante visant à "régenter" et imposer leurs idées.
Aussi, les réflexions philosophiques mais aussi pragmatiques (si tant est que l’on puisse dissocier les deux !) qui émergent sur le campement restent aujourd’hui cantonnées à une frange réduite de militants. Les contacts avec les militants d’autres luttes sont plus fréquents que ceux avec
les habitants, voisins et autres associations impliquées dans le combat contre l’OL Land.
Bien entendu, ceci est à nuancer car des échanges existent avec certains riverains qui font don de matériaux ou de nourriture, des discussions s’engagent autour de l’autoconstruction avec un agriculteur menacé d’expropriation, le gérant d’une épicerie bio prépare un colis quotidien
des invendus à destination des habitants de la Butte, etc.
En parallèle, les structures agricoles qui portent la défense d’agricultures paysannes commencent à s’intéresser au cas de l’OL Land.
La Confédération Paysanne du Rhône consacre le dossier central de sa revue "Le Réveil Paysan" de l’été 2012 aux paysans menacés par ce projet. Une pétition à l’initiative d’Alliance PEC (Réseau des AMAP en Rhône-Alpes) a déjà recueillie plus de 5000 signaturesiii. Elle pourrait prochainement servir de base pour enclencher une discussion sur les enjeux de l’agriculture périurbaine lyonnaise avec les responsables politiques du Grand-Lyon.
Par ailleurs, dans le cadre de la 5ème fête des AMAP, le réseau Alliance PEC a décidé de donner de la visibilité aux acteurs de ces luttes
en co-organisant la fête avec les habitants de la Butte sur le lieu même de l’occupation. Cet événement avait pour but de montrer que "l’AMAP n’est pas qu’un panier mais porte aussi une démarche militante" en s’engageant dans la défense d’une agriculture paysanne périurbaine nourricière de la métropole lyonnaise.
Le programme des festivités se voulait être une véritable vitrine des luttes en faveur d’une agriculture paysanne localisée : conférence gesticulée "Rurals ou la convergences des rustres" d’Hervé Chaplais, débats et conférences sur le thème de "l’agriculture périurbaine nourricière et l’intérêts général", micro ouvert prêté aux différents collectifs engagés dans la résistance face au projet, intervention du conseiller régional Gérard Leras délégué à la politique foncière, etc.iv
Cet événement festif partagé a surtout permis de donner de la visibilité aux différents acteurs de cette lutte en permettant la rencontre entre des mondes militants qui ne se rencontrent que très peu.
Le comité d’organisation d’Alliance PEC affirme que cet événement "a permis de dynamiser le réseau et de réi-nsuffler du militantisme dans l’action des AMAP ". De même, un habitant de la Butte reconnaît que "la préparation de cette fête a été essentiel pour la survie du camp en impliquant
le groupe autour d’une action commune et ouverte vers l’extérieur ".
Chacun ayant pu s’exprimer et écouter les autres points de vue que ce soit lors des séquences programmées ou bien lors des discussions plus informelles.
Par exemple, suite au démontage des structures d’accueil de la fête, un "cercle de parole" spontané s’est formé entre des habitants de la Butte,
des riverains de Décines et des adhérents d’Alliance PEC. Ils ont pu y partager leur enthousiasme suite au partage de cette journée qui a permis
à différents mouvements qui s’engagent contre le même projet de se rencontrer et de partager leurs points communs plutôt que leurs divergences. Une volonté générale émerge de ces échanges, celle de poursuivre les rencontres communes.
Ainsi, dès cet hiver, une journée commune sur le village "Décines Ta Résistance !" devrait voir le jour et permettre de mieux connaître les pratiques de ses habitants. Visite botanique, temps d’échanges, diffusion de films sont autant d’idées qui commencent à germer pour permettre
de poursuivre le connaissance réciproque entre ces mouvements militants qui ne se rencontrent que rarement.
Toutefois, à l’heure actuelle, la construction d’un contre projet alternatif pour ces terres menacées qui serait porté par les différents acteurs
de la journée n’est pas encore à l’ordre du jour.
Il reste encore du chemin à faire pour que ces rencontres ponctuelles aboutissent à une réelle "convergence des luttes" autour de la défense
du bien commun que sont les terres agricoles de Décines. En effet, comme le rappelle un des initiateurs de la fête des AMAP, la convergence actuelle contre ce projet "apparaît plus comme une convergence de moyens plutôt qu’une convergence de finalités".
Pourtant, la fête des AMAP restera une action commune positive qui "a refilé la pêche à plein de monde et l’envie de faire ensemble" aux dires
d’un des habitants de la Butte. Et, la défense d’une agriculture paysanne semble bien progressivement s’inscrire dans la convergence actuelle vers les mêmes buts ouvertement affichée par les opposants au "business-center" du football lyonnais !
Cependant, atteindre certains de ces buts sera-t-il possible et suffisant pour inverser le score d’un jeu politique aujourd’hui fort déséquilibré ?
i Site internet « Les Gones pour Gerland » et « Carton Rouge ! »
ii Decines Ta Resistance !
iii Pétition Alliance PEC Rhône-Alpes
iv Site de la fête des AMAP de Rhône-Alpes
Jérémie Guignand
Face à l’urbanisation galopante de la métropole lyonnaise, la communauté urbaine de Lyon porte depuis plusieurs années un regard intéressé vers les terres de l’Est lyonnais pour y réaliser divers projets urbanistiques.
Sur la commune de Décines-Charpieu, à 15 kilomètres du centre-ville de Lyon, la construction par la société Vinci d’un complexe sportif et financier conduit par Jean-Michel Aulas, dirigeant de l’OL Groupe (société d’actionnariat du club de football de l’Olympique Lyonnais), en est un des fers de lance.
En effet, les aménagements du stade, des commerces associés, des parkings et des voies d’accès prévoient l’artificialisation de près de 50 ha de terres. Pourtant, les réserves foncières stockées pour le projet atteignent près de 150 ha, et ce sur une zone protégée.
Le futur stade semble donc bien être l’arbre sportif (et donc plus facilement acceptable !) qui cache une forêt future de zones pavillonnaires et commerciales !
Depuis octobre 2012, une armée d’engins de chantier s’attaque à réaliser les voies d’accès de l’OL Land.
Ce projet a même bénéficié d’une déclaration d’intérêt général rendue publique en avril 2011 par Chantal Jouanno, alors Ministre des Sports, pour "améliorer" l’équipement sportif national en vue de l’Euro 2016.
Et ceci, vivement encouragé et soutenu par Gérard Collomb, sénateur-maire socialiste de Lyon et président du Grand Lyon.
Comble de l’audace, ce stade popularisé sous le nom "d’OL Land" a été baptisé par les aménageurs "Stade des Lumières". Pourtant les collusions dénoncées entre le monde politique du Grand Lyon et les intérêts financiers privés de l’OL Groupe pourraient plutôt être comparées à un obscurantisme digne de celui dénoncé au siècle des Lumières !
A l’heure actuelle, la mobilisation la plus forte contre l’implantation du stade est portée par des associations de diverses tendances qui se regroupent en un collectif appelé "Les Gones pour Gerland"i. Une trentaine d’associations de l’Est lyonnais livrent des batailles chacune avec un angle d’attaque propre à son objet : dénonciation du financement public de projets d’intérêts privés, défense du cadre de vie des habitants, protection de l’environnement, etc.
L’objectif commun immédiat étant de faire retarder le chantier pour que le stade ne puisse être livré à temps pour l’Euro 2016. Et ceci, principalement aux moyens de près de 30 recours juridiques dont ceux portés par l’avocat et conseiller régional Etienne Tête en charge de la défense des agriculteurs expropriés.
Un projet d’intérêt général ?
30 fermes amputées de parcelles agricoles et 2 fermes sacrifiées
Dans ce contexte, la situation n’est pas sans rappeler l’expression "Panem et circenses" (Du pain et des jeux du cirque) inventée par Juvénal, poète de la Rome antique, pour moquer l’usage fait par les empereurs romains de distribuer du pain et d’organiser des jeux du cirque pour calmer
les ardeurs populaires. Or, aujourd’hui, on peut légitimement se demander quelle est la place que "le Grand Lion" accorde à l’agriculture et donc
à la production alimentaire sur ses territoires en convertissant ses dernières terres agricoles à des fins de loisirs dits populaires ?
Des terres agricoles productives et productives convoitées à la frontière de l’agglomération lyonnaise.
Pourtant, dans les mobilisations les plus médiatisées portées par "Les Gones pour Gerland", la défense d’un projet de société alternatif et notamment d’une agriculture périurbaine nourricière n’y est que très peu présente.
De même, les terres concernées sont essentiellement d’origine agricoles et les expropriations menacent ainsi plus de 30 familles d’agriculteurs.
Les batailles juridiques engagées visent essentiellement une revalorisation des indemnités d’expropriation et une compensation de la perte de revenu des agriculteurs. La dénonciation de la diminution des surfaces agricoles du territoire et la défense d’agricultures paysannes sont quasi absentes
des discours et des documents édités par ces associations pour mobiliser les citoyens et communiquer auprès des différents médias.
Vinci contre les agricultures paysannes : la même constante de plusieurs Grands Projets Inutiles !
Derrière cette tendance fréquente à de nombreuses oppositions à des projets urbanistiques locaux ciblés sur la défense d’intérêts essentiellement individuels et/ou relativement court-termistes, d’autres mobilisations semblent voir le jour.
En effet, depuis avril 2012, plusieurs militants issus de diverses tendances et milieux activistes (écologie radicale, opposition aux lois liberticides dites "sécuritaires", etc.) occupent les prairies d’une butte localisée sur ces terres menacéesii.
Le campement appelé "Décines Ta Résistance !" regroupe plusieurs individus qui construisent au quotidien une résistance créative en expérimentant de nouveaux modes de vie et de gestion des collectifs.
Les techniques de permaculture (buttes auto-fertiles, associations de cultures, etc.), la récupération et le glanage, l’expérience de l’autogestion, l’autoconstruction d’habitats légers et mobiles sont parmi d’autres des actions qui relèvent d’une même volonté des habitants de la Butte : celle de partager des valeurs et non pas des points de vue !
Décines Ta Résistance ! : village de résistances créatives face au risque d’artificialisation des terres agricoles.
La posture "radicale" adoptée semble difficilement généralisable et diffusable dans les sociétés actuelles bien qu’elles paraissent riches d’enseignements. Pour exemple, le volonté de diminuer la dépendance au pétrole et à l’électricité induit la nécessité de développer des techniques d’isolation et de chauffage des habitats ainsi que de conservation des aliments qui appellent à la créativité (foyers améliorés, cave enterrée, etc.) et qui nécessiterait une réelle transition progressive pour être adaptées aux contextes de vie de la majorité de la population.
Et pourtant, les habitants de la Butte refusent toute organisation formalisée de type associatif visant à diffuser leurs idées. Ils prônent plutôt une implication personnelle des citoyens dans la réflexion au changement plutôt que d’adopter une posture descendante visant à "régenter" et imposer leurs idées.
Aussi, les réflexions philosophiques mais aussi pragmatiques (si tant est que l’on puisse dissocier les deux !) qui émergent sur le campement restent aujourd’hui cantonnées à une frange réduite de militants. Les contacts avec les militants d’autres luttes sont plus fréquents que ceux avec
les habitants, voisins et autres associations impliquées dans le combat contre l’OL Land.
Bien entendu, ceci est à nuancer car des échanges existent avec certains riverains qui font don de matériaux ou de nourriture, des discussions s’engagent autour de l’autoconstruction avec un agriculteur menacé d’expropriation, le gérant d’une épicerie bio prépare un colis quotidien
des invendus à destination des habitants de la Butte, etc.
En parallèle, les structures agricoles qui portent la défense d’agricultures paysannes commencent à s’intéresser au cas de l’OL Land.
La Confédération Paysanne du Rhône consacre le dossier central de sa revue "Le Réveil Paysan" de l’été 2012 aux paysans menacés par ce projet. Une pétition à l’initiative d’Alliance PEC (Réseau des AMAP en Rhône-Alpes) a déjà recueillie plus de 5000 signaturesiii. Elle pourrait prochainement servir de base pour enclencher une discussion sur les enjeux de l’agriculture périurbaine lyonnaise avec les responsables politiques du Grand-Lyon.
Par ailleurs, dans le cadre de la 5ème fête des AMAP, le réseau Alliance PEC a décidé de donner de la visibilité aux acteurs de ces luttes
en co-organisant la fête avec les habitants de la Butte sur le lieu même de l’occupation. Cet événement avait pour but de montrer que "l’AMAP n’est pas qu’un panier mais porte aussi une démarche militante" en s’engageant dans la défense d’une agriculture paysanne périurbaine nourricière de la métropole lyonnaise.
Le programme des festivités se voulait être une véritable vitrine des luttes en faveur d’une agriculture paysanne localisée : conférence gesticulée "Rurals ou la convergences des rustres" d’Hervé Chaplais, débats et conférences sur le thème de "l’agriculture périurbaine nourricière et l’intérêts général", micro ouvert prêté aux différents collectifs engagés dans la résistance face au projet, intervention du conseiller régional Gérard Leras délégué à la politique foncière, etc.iv
Cet événement festif partagé a surtout permis de donner de la visibilité aux différents acteurs de cette lutte en permettant la rencontre entre des mondes militants qui ne se rencontrent que très peu.
Le comité d’organisation d’Alliance PEC affirme que cet événement "a permis de dynamiser le réseau et de réi-nsuffler du militantisme dans l’action des AMAP ". De même, un habitant de la Butte reconnaît que "la préparation de cette fête a été essentiel pour la survie du camp en impliquant
le groupe autour d’une action commune et ouverte vers l’extérieur ".
Chacun ayant pu s’exprimer et écouter les autres points de vue que ce soit lors des séquences programmées ou bien lors des discussions plus informelles.
Par exemple, suite au démontage des structures d’accueil de la fête, un "cercle de parole" spontané s’est formé entre des habitants de la Butte,
des riverains de Décines et des adhérents d’Alliance PEC. Ils ont pu y partager leur enthousiasme suite au partage de cette journée qui a permis
à différents mouvements qui s’engagent contre le même projet de se rencontrer et de partager leurs points communs plutôt que leurs divergences. Une volonté générale émerge de ces échanges, celle de poursuivre les rencontres communes.
Ainsi, dès cet hiver, une journée commune sur le village "Décines Ta Résistance !" devrait voir le jour et permettre de mieux connaître les pratiques de ses habitants. Visite botanique, temps d’échanges, diffusion de films sont autant d’idées qui commencent à germer pour permettre
de poursuivre le connaissance réciproque entre ces mouvements militants qui ne se rencontrent que rarement.
Toutefois, à l’heure actuelle, la construction d’un contre projet alternatif pour ces terres menacées qui serait porté par les différents acteurs
de la journée n’est pas encore à l’ordre du jour.
Il reste encore du chemin à faire pour que ces rencontres ponctuelles aboutissent à une réelle "convergence des luttes" autour de la défense
du bien commun que sont les terres agricoles de Décines. En effet, comme le rappelle un des initiateurs de la fête des AMAP, la convergence actuelle contre ce projet "apparaît plus comme une convergence de moyens plutôt qu’une convergence de finalités".
Pourtant, la fête des AMAP restera une action commune positive qui "a refilé la pêche à plein de monde et l’envie de faire ensemble" aux dires
d’un des habitants de la Butte. Et, la défense d’une agriculture paysanne semble bien progressivement s’inscrire dans la convergence actuelle vers les mêmes buts ouvertement affichée par les opposants au "business-center" du football lyonnais !
Cependant, atteindre certains de ces buts sera-t-il possible et suffisant pour inverser le score d’un jeu politique aujourd’hui fort déséquilibré ?
i Site internet « Les Gones pour Gerland » et « Carton Rouge ! »
ii Decines Ta Resistance !
iii Pétition Alliance PEC Rhône-Alpes
iv Site de la fête des AMAP de Rhône-Alpes
Jérémie Guignand
Le foot-business contre l'agriculture paysanne :
Ou comment les mercenaires du ballon détournent l’intérêt général …
Dans le classement des Grands Projets Inutiles Imposés1, la construction du Grand Stade de l’Olympique Lyonnais, appelé « OL-Land » pourrait figurer en bonne position.
Promu conjointement depuis 2007 par Jean-Michel Aulas, PDG du Groupe OL et Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon et président du Grand Lyon, ce projet, estimé à 450 000 millions d'euros, ne se contente pas d'envisager la construction d'un nouveau stade de foot de 60 000 places mais un immense complexe sportif et commercial sur 50 hectares. Ce qui se joue avec ce projet n'est pas une querelle technique ou stratégique mais un choix politique pour caractériser et promouvoir l'intérêt général, c'est le choix entre une course en avant aveugle d'un coté et la transition écologique et sociale de nos territoires de l'autre ; pour nous, c'est le choix entre le foot-business et l'agriculture paysanne.
La célébration du foot-business : un intérêt général bien particulier
Ne nous faisons aucune illusion sur les discours angéliques qui justifient ce projet par la rhétorique si peu critiquée de la « cause noble du sport ». D'abord, parce qu'une telle cause, si toutefois il était possible d'en formuler la signification, ne va pas de soi. Bien au contraire, nous sommes plutôt enclin à penser, comme Michel Caillat2, que le sport n'est pas neutre politiquement mais porteur de représentations du monde et de valeurs inconsciemment incorporées. Le foot-business, dont l'OL est probablement une figure de prou, est le reflet d'une idéologie, celle de la compétition de tous contre tous et de la loi du plus fort, le reflet d'un capitalisme bien installée dans les esprits. Défenseurs d'un autre monde plus juste, plus solidaire, plus humain, nous ne faisons pas l'impasse sur la critique nécessaire de cette institution sociale complexe qu'est devenue le sport.
Ensuite, parce que ce projet n'est rien d'autre qu'une opération financière à peine déguisée. Sous prétexte que le stade de Gerland ne serait pas suffisant pour satisfaire la demande du public et répondre aux exigences de l’Euro 2016, le Groupe OL entend bien assurer son parcours boursier, dont on connait les incertitudes, par l'acquisition d'un actif immobilier conséquent. Pour Jean-Michel Aulas, le stade de Gerland, qui ne lui appartient pas, ne dégage pas assez de revenus propres. Avec ce projet, le Groupe OL pourra développer des activités annexes fortement rémunératrices : des bureaux, des boutiques, plusieurs équipements de loisirs et de divertissements, des centaines de chambres d’hôtel et quelques 8 000 mètres carrés de bureaux d’affaires.
Mais si le Groupe OL a de grandes ambitions, ce n'est pas à n’importe quel prix : pas question d’acheter des terrains constructibles au prix du « marché »3 ou de supporter seul les investissements. En ayant acheté au Grand Lyon des terres classées agricoles à 45 Euros/m² quelques mois avant que ces mêmes terres ne passent en constructibles grâce à une révision du PLU adoptée par le Grand Lyon, on peut dire que l'OL a mené une belle manœuvre spéculative. Le club pourra ensuite revendre ces terrains aux entreprises souhaitant investir dans le projet à plus de 300€/m². Une opération concertée entre Aulas et Collomb ? Plusieurs faits nous y invitent4. Cette arrangement a d' ailleurs, été permis par une autre manœuvre habile, en mai 2011 : faire reconnaître le Grand Stade comme étant d’intérêt général, selon la loi « d’exception pour les stades de l’Euro 2016 ». Cette loi satisfait les entreprises du foot-business ainsi que les entreprises qui s’occuperont des travaux, comme Vinci, toujours aux premières loges pour gagner ce genre de chantier. Au mépris du Code des collectivités publiques et du Code du Sport, cette loi autorise les collectivités à arroser d’argent public des entreprises lucratives privées.
Le Grand Stade déclaré d'intérêt général, dès lors, tout est facilité pour la stratégie économique du Groupe OL : autorisation d’installation dans la zone protégée du « V vert »5 de l’est lyonnais, révision du PLU6 facilitée, expropriation forcée des paysans sur l’emplacement du complexe sportif et le long des nouvelles infrastructures d’accès, … et, cerise rose pâle sur le gâteau empoisonné, tous les coûts liés aux infrastructures d’accès - routes, parking, tramways - seront supportés par des fonds publics ; quelques centaines de millions d'euros.
Ces politiques d’ « investissements et pertes publiques ; bénéfices privés » sont dangereuses. Investir des fonds publics dans des infrastructures favorisant exclusivement une entreprise privée, alors que tous les budgets fondamentaux des collectivités territoriales – santé, éducation - sont asphyxiés par des coupes budgétaires sans précédent, est une totale aberration. De quel intérêt général parlons-nous ?
D’autre part, toutes ces concessions font peser une réelle menace sur l’environnement et sur l’organisation du territoire lyonnais, là aussi en totale contradiction avec les engagements pris par l’agglomération - agenda 21, SCOT (Schéma de Cohérence Territorial) - et les recommandations du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) de l’Est lyonnais qui demande la préservation des terres agricoles du «V Vert».
Maintenir et développer une agriculture péri-urbaine nourricière: une nécessité d'intérêt général
Le projet du Grand Stade implique la destruction d'une centaine d'hectares de terres agricoles fertiles, le démembrement d'ensembles agricoles cohérents et opérationnels, ainsi que l'expropriation d'une trentaine de paysans, qui recevront entre 77 centimes et 1 euro le m² du Grand Lyon.
Bradé pour des seuls enjeux économiques, le territoire périurbain se transforme à grande vitesse, et la réalisation du Grand Stade et des infrastructures d’accès va mettre à mal un équilibre territorial déjà fragilisé par la pression urbaine. C’est à l’image de la France qui continue de grignoter ses terres fertiles et de réduire ses capacités de productions agricoles. Chaque année, 66 000 ha de terres agricoles sont détruits chaque année en faveur de l'urbanisation. Cela représente l'équivalent de 160 ha par jour, soit la surface d'un département moyen qui disparaît tous les 10 ans.
En Rhône-Alpes, ce sont quelques 4000 ha de terre agricoles qui disparaissent chaque année, dévalorisant et dépossédant peu à peu les derniers paysans de l’agglomération. L'exemple de la famille Morel est significatif. Maraichers sur la commune de Chassieu, livrant en AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et sur plusieurs marchés, ils vont être expulsés sans possibilité de reclassement, autrement dit, ils vont disparaître.
L’espace péri-urbain est l’objet de multiples convoitises, et dans les rapports de force qui s’instaurent, l’agriculture est rarement en position dominante. Les politiques publiques se rendent complices de ces dominations économiques : elles oublient leur rôle républicain en détournant les fonds publics vers des projets lucratifs privés, et en faisant impasse de réelles réflexions et planification des territoires.
L'agriculture se meurt : nous assistons à une destruction silencieuse du potentiel agronomique de la France; et nous nous éloignons chaque jour un peu plus d'une auto-suffisance alimentaire de qualité. Les aliments de base, nécessaires à la vie, parcourent des milliers de kilomètres avant d'arriver dans nos assiettes; ils sont modifiés, pestiférés, à l'heure de la "malbouffe"; et sont produits dans des conditions désastreuses, tant au niveau social qu'environnemental. Cancers, maladies diverses, épuisement des sols et des ressources en eau, changement climatique : les impacts nuisibles de cette agriculture productiviste sont de plus en plus visibles.
Hors pour pouvoir nourrir les populations - en respectant le corps humain, en préservant les ressources naturelles, en favorisant un aménagement équilibré du territoire, en consolidant le tissu rural local, en recréant du lien entre le monde urbain et rural, en arrêtant de piller les ressources du sud - il est essentiel de maintenir et de développer une agriculture de qualité et créatrice d'emplois en zone péri-urbaine. Il s'agit d'un enjeu majeur de notre temps, une nécessité d'intérêt général qui ne peut être bradée sur l'autel de la finance ou de la folie des grandeurs. Chaque ferme qui disparaît, chaque hectare de terre fertile artificialisée est une insulte à l'avenir.
Résistances et réappropriation citoyenne
Depuis quatre ans, de nombreux citoyens et plusieurs associations luttent pour faire connaître les aberrations de ce projet et tenter de l’endiguer7. A l'heure d'aujourd'hui, une trentaine de recours juridiques sont en cours, et redonnent l'espoir de voir un jour ce projet capoter.
En parallèle, la mobilisation citoyenne se renforce. Partant des revendications d’habitants directement concernés, les associations, de plus en plus nombreuses, permettent peu à peu un changement d'échelle en démontrant que le projet d’OL Land ne peut être résolu qu’au niveau local : c’est une problématique systémique, et la convergences des luttes est indispensable.
Récemment, un campement de résistance s'est monté sur une partie des terres menacées et commence à faire le lien avec les autres ZAD " Zone à Défendre " comme celle de Notre de Dame des Landes. Une pétition a été lancée pour signifier que le maintien et le développement d'une agriculture paysanne en zone péri-urbaine est une nécessité d'intérêt général7. Déjà forte de 4000 signatures, cette pétition commence à être diffusée au niveau national.
Il est intéressant de voir l’évolution de ces résistances. De cette mobilisation contre le stade émerge des réflexions de fonds : Vers quelles priorités devraient s'orienter les actions et le financement des collectivités publiques ? Quels sont les processus de décision ? Quels droits de regards pour les citoyens ? Quel est le réel rapport de force ? Comment définir l’intérêt général ?
Ce projet aberrent d’OL Land devient un catalyseur de réappropriation citoyenne des enjeux du « vivre ensemble », et impulse une nouvelle conscience politique.
Marie Gaudfernau / Léo Coutellec
1Le 2° Forum Européen contre les Grands Projets Inutiles Imposés aura lieu du 7 au 11 juillet 2012 à Notre Dame des Landes (près de Nantes,-Loire Atlantique France). Voir : http://forum-gpii-2012-ndl.blogspot.fr/
2Michel Caillat. Le sport,. Idées reçues, Editions du Carré bleu.
3 Comme le montre le refus net du Club suite à la proposition de vente par l’agglomération portant sur des terrains constructibles à Venissieux
4Ref de Lyon Capital qui parle de l'accort secret Aulas/Collomb
5 Cette zone agricole comprise entre Décines et Chassieu, est inscrite à l’inventaire des espaces naturels sensibles du Département et figure également dans celui des sites d’intérêt écologique du Grand Lyon.
6Plan Local d'Urbanisme
7Pour voir et rejoindre les 5000 signataires de la pétition : http://www.alliancepec-rhonealpes.org/PetitionGrandStade
Dans le classement des Grands Projets Inutiles Imposés1, la construction du Grand Stade de l’Olympique Lyonnais, appelé « OL-Land » pourrait figurer en bonne position.
Promu conjointement depuis 2007 par Jean-Michel Aulas, PDG du Groupe OL et Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon et président du Grand Lyon, ce projet, estimé à 450 000 millions d'euros, ne se contente pas d'envisager la construction d'un nouveau stade de foot de 60 000 places mais un immense complexe sportif et commercial sur 50 hectares. Ce qui se joue avec ce projet n'est pas une querelle technique ou stratégique mais un choix politique pour caractériser et promouvoir l'intérêt général, c'est le choix entre une course en avant aveugle d'un coté et la transition écologique et sociale de nos territoires de l'autre ; pour nous, c'est le choix entre le foot-business et l'agriculture paysanne.
La célébration du foot-business : un intérêt général bien particulier
Ne nous faisons aucune illusion sur les discours angéliques qui justifient ce projet par la rhétorique si peu critiquée de la « cause noble du sport ». D'abord, parce qu'une telle cause, si toutefois il était possible d'en formuler la signification, ne va pas de soi. Bien au contraire, nous sommes plutôt enclin à penser, comme Michel Caillat2, que le sport n'est pas neutre politiquement mais porteur de représentations du monde et de valeurs inconsciemment incorporées. Le foot-business, dont l'OL est probablement une figure de prou, est le reflet d'une idéologie, celle de la compétition de tous contre tous et de la loi du plus fort, le reflet d'un capitalisme bien installée dans les esprits. Défenseurs d'un autre monde plus juste, plus solidaire, plus humain, nous ne faisons pas l'impasse sur la critique nécessaire de cette institution sociale complexe qu'est devenue le sport.
Ensuite, parce que ce projet n'est rien d'autre qu'une opération financière à peine déguisée. Sous prétexte que le stade de Gerland ne serait pas suffisant pour satisfaire la demande du public et répondre aux exigences de l’Euro 2016, le Groupe OL entend bien assurer son parcours boursier, dont on connait les incertitudes, par l'acquisition d'un actif immobilier conséquent. Pour Jean-Michel Aulas, le stade de Gerland, qui ne lui appartient pas, ne dégage pas assez de revenus propres. Avec ce projet, le Groupe OL pourra développer des activités annexes fortement rémunératrices : des bureaux, des boutiques, plusieurs équipements de loisirs et de divertissements, des centaines de chambres d’hôtel et quelques 8 000 mètres carrés de bureaux d’affaires.
Mais si le Groupe OL a de grandes ambitions, ce n'est pas à n’importe quel prix : pas question d’acheter des terrains constructibles au prix du « marché »3 ou de supporter seul les investissements. En ayant acheté au Grand Lyon des terres classées agricoles à 45 Euros/m² quelques mois avant que ces mêmes terres ne passent en constructibles grâce à une révision du PLU adoptée par le Grand Lyon, on peut dire que l'OL a mené une belle manœuvre spéculative. Le club pourra ensuite revendre ces terrains aux entreprises souhaitant investir dans le projet à plus de 300€/m². Une opération concertée entre Aulas et Collomb ? Plusieurs faits nous y invitent4. Cette arrangement a d' ailleurs, été permis par une autre manœuvre habile, en mai 2011 : faire reconnaître le Grand Stade comme étant d’intérêt général, selon la loi « d’exception pour les stades de l’Euro 2016 ». Cette loi satisfait les entreprises du foot-business ainsi que les entreprises qui s’occuperont des travaux, comme Vinci, toujours aux premières loges pour gagner ce genre de chantier. Au mépris du Code des collectivités publiques et du Code du Sport, cette loi autorise les collectivités à arroser d’argent public des entreprises lucratives privées.
Le Grand Stade déclaré d'intérêt général, dès lors, tout est facilité pour la stratégie économique du Groupe OL : autorisation d’installation dans la zone protégée du « V vert »5 de l’est lyonnais, révision du PLU6 facilitée, expropriation forcée des paysans sur l’emplacement du complexe sportif et le long des nouvelles infrastructures d’accès, … et, cerise rose pâle sur le gâteau empoisonné, tous les coûts liés aux infrastructures d’accès - routes, parking, tramways - seront supportés par des fonds publics ; quelques centaines de millions d'euros.
Ces politiques d’ « investissements et pertes publiques ; bénéfices privés » sont dangereuses. Investir des fonds publics dans des infrastructures favorisant exclusivement une entreprise privée, alors que tous les budgets fondamentaux des collectivités territoriales – santé, éducation - sont asphyxiés par des coupes budgétaires sans précédent, est une totale aberration. De quel intérêt général parlons-nous ?
D’autre part, toutes ces concessions font peser une réelle menace sur l’environnement et sur l’organisation du territoire lyonnais, là aussi en totale contradiction avec les engagements pris par l’agglomération - agenda 21, SCOT (Schéma de Cohérence Territorial) - et les recommandations du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) de l’Est lyonnais qui demande la préservation des terres agricoles du «V Vert».
Maintenir et développer une agriculture péri-urbaine nourricière: une nécessité d'intérêt général
Le projet du Grand Stade implique la destruction d'une centaine d'hectares de terres agricoles fertiles, le démembrement d'ensembles agricoles cohérents et opérationnels, ainsi que l'expropriation d'une trentaine de paysans, qui recevront entre 77 centimes et 1 euro le m² du Grand Lyon.
Bradé pour des seuls enjeux économiques, le territoire périurbain se transforme à grande vitesse, et la réalisation du Grand Stade et des infrastructures d’accès va mettre à mal un équilibre territorial déjà fragilisé par la pression urbaine. C’est à l’image de la France qui continue de grignoter ses terres fertiles et de réduire ses capacités de productions agricoles. Chaque année, 66 000 ha de terres agricoles sont détruits chaque année en faveur de l'urbanisation. Cela représente l'équivalent de 160 ha par jour, soit la surface d'un département moyen qui disparaît tous les 10 ans.
En Rhône-Alpes, ce sont quelques 4000 ha de terre agricoles qui disparaissent chaque année, dévalorisant et dépossédant peu à peu les derniers paysans de l’agglomération. L'exemple de la famille Morel est significatif. Maraichers sur la commune de Chassieu, livrant en AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et sur plusieurs marchés, ils vont être expulsés sans possibilité de reclassement, autrement dit, ils vont disparaître.
L’espace péri-urbain est l’objet de multiples convoitises, et dans les rapports de force qui s’instaurent, l’agriculture est rarement en position dominante. Les politiques publiques se rendent complices de ces dominations économiques : elles oublient leur rôle républicain en détournant les fonds publics vers des projets lucratifs privés, et en faisant impasse de réelles réflexions et planification des territoires.
L'agriculture se meurt : nous assistons à une destruction silencieuse du potentiel agronomique de la France; et nous nous éloignons chaque jour un peu plus d'une auto-suffisance alimentaire de qualité. Les aliments de base, nécessaires à la vie, parcourent des milliers de kilomètres avant d'arriver dans nos assiettes; ils sont modifiés, pestiférés, à l'heure de la "malbouffe"; et sont produits dans des conditions désastreuses, tant au niveau social qu'environnemental. Cancers, maladies diverses, épuisement des sols et des ressources en eau, changement climatique : les impacts nuisibles de cette agriculture productiviste sont de plus en plus visibles.
Hors pour pouvoir nourrir les populations - en respectant le corps humain, en préservant les ressources naturelles, en favorisant un aménagement équilibré du territoire, en consolidant le tissu rural local, en recréant du lien entre le monde urbain et rural, en arrêtant de piller les ressources du sud - il est essentiel de maintenir et de développer une agriculture de qualité et créatrice d'emplois en zone péri-urbaine. Il s'agit d'un enjeu majeur de notre temps, une nécessité d'intérêt général qui ne peut être bradée sur l'autel de la finance ou de la folie des grandeurs. Chaque ferme qui disparaît, chaque hectare de terre fertile artificialisée est une insulte à l'avenir.
Résistances et réappropriation citoyenne
Depuis quatre ans, de nombreux citoyens et plusieurs associations luttent pour faire connaître les aberrations de ce projet et tenter de l’endiguer7. A l'heure d'aujourd'hui, une trentaine de recours juridiques sont en cours, et redonnent l'espoir de voir un jour ce projet capoter.
En parallèle, la mobilisation citoyenne se renforce. Partant des revendications d’habitants directement concernés, les associations, de plus en plus nombreuses, permettent peu à peu un changement d'échelle en démontrant que le projet d’OL Land ne peut être résolu qu’au niveau local : c’est une problématique systémique, et la convergences des luttes est indispensable.
Récemment, un campement de résistance s'est monté sur une partie des terres menacées et commence à faire le lien avec les autres ZAD " Zone à Défendre " comme celle de Notre de Dame des Landes. Une pétition a été lancée pour signifier que le maintien et le développement d'une agriculture paysanne en zone péri-urbaine est une nécessité d'intérêt général7. Déjà forte de 4000 signatures, cette pétition commence à être diffusée au niveau national.
Il est intéressant de voir l’évolution de ces résistances. De cette mobilisation contre le stade émerge des réflexions de fonds : Vers quelles priorités devraient s'orienter les actions et le financement des collectivités publiques ? Quels sont les processus de décision ? Quels droits de regards pour les citoyens ? Quel est le réel rapport de force ? Comment définir l’intérêt général ?
Ce projet aberrent d’OL Land devient un catalyseur de réappropriation citoyenne des enjeux du « vivre ensemble », et impulse une nouvelle conscience politique.
Marie Gaudfernau / Léo Coutellec
1Le 2° Forum Européen contre les Grands Projets Inutiles Imposés aura lieu du 7 au 11 juillet 2012 à Notre Dame des Landes (près de Nantes,-Loire Atlantique France). Voir : http://forum-gpii-2012-ndl.blogspot.fr/
2Michel Caillat. Le sport,. Idées reçues, Editions du Carré bleu.
3 Comme le montre le refus net du Club suite à la proposition de vente par l’agglomération portant sur des terrains constructibles à Venissieux
4Ref de Lyon Capital qui parle de l'accort secret Aulas/Collomb
5 Cette zone agricole comprise entre Décines et Chassieu, est inscrite à l’inventaire des espaces naturels sensibles du Département et figure également dans celui des sites d’intérêt écologique du Grand Lyon.
6Plan Local d'Urbanisme
7Pour voir et rejoindre les 5000 signataires de la pétition : http://www.alliancepec-rhonealpes.org/PetitionGrandStade
Décines ton avenir : OL Land et les enfants du Montout...

Décines-Charpieu, secteur du Grand Montout, agglomération Est lyonnaise
Les enfants de la butte, comme ils/elles aiment à s'appeler, sont apparus un 15 Mars 2012. Venu-e-s de Lyon et d'ailleurs, une vingtaine de femmes et d'hommes ont pris place sur une butte boisée entourée de terres agricoles où leur campement s'élève en espace de vie collectif. Ce lieu renvoie facilement à l'image d'un petit village d'Armorique que beaucoup doivent connaître. Mais ici, l'envahisseur n'est pas Romain. La lutte se mène contre les acteurs du projet OL land qui ont pris la décision de recouvrir de béton un des derniers espaces naturels et ruraux de Décines, sans concertations. Ces irréductibles résistants prennent aujourd'hui la responsabilité de notre avenir à toutes et tous en se mobilisant pour une gestion cohérente de nos terres.
Ces hommes et ces femmes, de tous âges et tous horizons, nous accueillent dans un espace de vie autogéré où la création est omniprésente et la bienveillance tangible. En haut de la butte, arrivés à l'entrée de la clairière où s'active le campement, nous assistons à la gloire de l'autogestion. Tipis, yourtes, barnum, serre, tentes, cuisines, toilettes sèches élevées en autoconstruction laissent apparaître une organisation rigoureuse. Quelques instants de contemplation suffisent à ce que quelqu'un.e vienne à notre rencontre et nous invite à visiter et discuter autour d'une eau chaude. Connaissant les lieux, il est très facile ensuite de participer à la vie collective en s'impliquant dans différentes activités et profiter des joies d'un autre degré de liberté. On comprend rapidement que là-haut on vit, on crée et on prépare l'avenir...
Les inconditionnels
Au lever, on peut assister à un petit déjeuner échelonné après lequel chacun.e.s prend soin de laver ses couverts. Une équipe part faire la “récup'” au marché et une autre se rend à la tonne à eau pour remplir et remonter des bidons qui serviront à boire, faire à manger, laver. Un récupérateur d'eau de pluie assure les réserves pour arroser le jardin. Certain.e.s s'attèlent à la préparation du repas pour une vingtaine de personnes avec un grand réchaud, une bouteille de gaz et des casseroles. D'autres encore nettoient, mettent de l'ordre, vident les toilettes sèches ou coupent du bois. Aux alentours de 13h, on entend un grand “A TABLE” retentir et l'on se réunit pour manger.
Agriculture et construction
Les discussions du midi se dispersent au tintement de la vaisselle et chacun.e.s retourne à ses activités. Dans les bois, le marteau fait la concurrence aux pics-verts et la scie aux mésanges, des palettes et des planches de récupération s'assemblent autour d'un tronc, une fenêtre se dessine et un toit recouvre le tout : un nouvel abri au sec vient d'apparaître. Les détachements “récup” reviennent et approvisionnent le stock de nourriture et de matériaux. Dans la clairière, d'autres palettes s'emboitent et voici une nouvelle cabane à outils fonctionnelle. Des plans de courge, de mais et de haricots qui ont été bichonnés sous la serre sont amenés au potager pour y être plantés parmi les salades et les tomates. L'association judicieuse des plantes cultivées s'inspire de la permaculture et laisse présager des récoltes saines et généreuses.
Temps de parole et de réflexion
La fin d'après-midi arrivant, certain.e.s rangent leurs outils pour se réunir tandis que d'autres continueront jusqu'à la tombée de la nuit. Le dîner se prépare, les discussions et débats reprennent, on fait le bilan de la journée au rythme de la musique ou du crépitement du feu. On résout les problèmes, on imagine des actions, on prépare la convergence des luttes, jusqu'à ce que tipis, yourtes et tentes soient regagnés et que seules chouettes et rossignols se fassent entendre
Les enfants de la butte, comme ils/elles aiment à s'appeler, sont apparus un 15 Mars 2012. Venu-e-s de Lyon et d'ailleurs, une vingtaine de femmes et d'hommes ont pris place sur une butte boisée entourée de terres agricoles où leur campement s'élève en espace de vie collectif. Ce lieu renvoie facilement à l'image d'un petit village d'Armorique que beaucoup doivent connaître. Mais ici, l'envahisseur n'est pas Romain. La lutte se mène contre les acteurs du projet OL land qui ont pris la décision de recouvrir de béton un des derniers espaces naturels et ruraux de Décines, sans concertations. Ces irréductibles résistants prennent aujourd'hui la responsabilité de notre avenir à toutes et tous en se mobilisant pour une gestion cohérente de nos terres.
Ces hommes et ces femmes, de tous âges et tous horizons, nous accueillent dans un espace de vie autogéré où la création est omniprésente et la bienveillance tangible. En haut de la butte, arrivés à l'entrée de la clairière où s'active le campement, nous assistons à la gloire de l'autogestion. Tipis, yourtes, barnum, serre, tentes, cuisines, toilettes sèches élevées en autoconstruction laissent apparaître une organisation rigoureuse. Quelques instants de contemplation suffisent à ce que quelqu'un.e vienne à notre rencontre et nous invite à visiter et discuter autour d'une eau chaude. Connaissant les lieux, il est très facile ensuite de participer à la vie collective en s'impliquant dans différentes activités et profiter des joies d'un autre degré de liberté. On comprend rapidement que là-haut on vit, on crée et on prépare l'avenir...
Les inconditionnels
Au lever, on peut assister à un petit déjeuner échelonné après lequel chacun.e.s prend soin de laver ses couverts. Une équipe part faire la “récup'” au marché et une autre se rend à la tonne à eau pour remplir et remonter des bidons qui serviront à boire, faire à manger, laver. Un récupérateur d'eau de pluie assure les réserves pour arroser le jardin. Certain.e.s s'attèlent à la préparation du repas pour une vingtaine de personnes avec un grand réchaud, une bouteille de gaz et des casseroles. D'autres encore nettoient, mettent de l'ordre, vident les toilettes sèches ou coupent du bois. Aux alentours de 13h, on entend un grand “A TABLE” retentir et l'on se réunit pour manger.
Agriculture et construction
Les discussions du midi se dispersent au tintement de la vaisselle et chacun.e.s retourne à ses activités. Dans les bois, le marteau fait la concurrence aux pics-verts et la scie aux mésanges, des palettes et des planches de récupération s'assemblent autour d'un tronc, une fenêtre se dessine et un toit recouvre le tout : un nouvel abri au sec vient d'apparaître. Les détachements “récup” reviennent et approvisionnent le stock de nourriture et de matériaux. Dans la clairière, d'autres palettes s'emboitent et voici une nouvelle cabane à outils fonctionnelle. Des plans de courge, de mais et de haricots qui ont été bichonnés sous la serre sont amenés au potager pour y être plantés parmi les salades et les tomates. L'association judicieuse des plantes cultivées s'inspire de la permaculture et laisse présager des récoltes saines et généreuses.
Temps de parole et de réflexion
La fin d'après-midi arrivant, certain.e.s rangent leurs outils pour se réunir tandis que d'autres continueront jusqu'à la tombée de la nuit. Le dîner se prépare, les discussions et débats reprennent, on fait le bilan de la journée au rythme de la musique ou du crépitement du feu. On résout les problèmes, on imagine des actions, on prépare la convergence des luttes, jusqu'à ce que tipis, yourtes et tentes soient regagnés et que seules chouettes et rossignols se fassent entendre
Cette initiative est loin d'être isolée. De nombreuses autres luttes résonnent partout en France et en Europe contre l'engoudronnement de masse : la ZAD de Notre Dame des Landes (projet d'aéroport), les combats anti gaz de schiste, la lutte contre le TGV Lyon-Turin
pour n'en citer que quelques uns. Le peuple a besoin de ses terres et se lève pour les protéger.
"Si tu veux quelque chose, ne l'ordonne pas d'en bas, ne l'attend pas d'en haut, fais-le toi-même !"
pour n'en citer que quelques uns. Le peuple a besoin de ses terres et se lève pour les protéger.
"Si tu veux quelque chose, ne l'ordonne pas d'en bas, ne l'attend pas d'en haut, fais-le toi-même !"